Fermer

Du roman à la légende


La création de la légende par David Morrell

Rambo ne sort pas de l'imaginaire de Stallone mais de celui d'un romancier : David Morrell. C'est d'ailleurs son premier roman. Un coup de maître. Écrit dix ans avant la sortie du film, en pleine guerre du Vietnam.

Trois ans d'écriture avec des inspirations très mutliples: des événements marquants de l'histoire américaine, des faits divers, des films et un véritable héros de guerre. Découvrir son parcours d'écriture est une façon d'explorer la profondeur du film, d'accéder à ce qui en fait son essence brute pour comprendre pourquoi, encore aujourd’hui, il nous touche si profondément.

Image description 1

L'épopée d'une adaptation

Dix ans. Il a fallu dix longues années pour que le roman devienne le film que nous connaissons (comme pour Apocalypse Now que Coppola commence à imaginer en 1969).

Pourtant, en 1972, tout semblait bien parti. À peine publié, la Columbia s’empressait d’acheter les droits, avec en tête un réalisateur de renom : Richard Brooks. La suite ? Une succession de scénaristes et de réalisateurs qui se sont refilé le projet comme une grenade dégoupillée, et un sacré défilé de stars : Clint Eastwood, Al Pacino, John Travolta, Robert De Niro… Autant de prétendants séduits par la puissance du personnage, mais qui, pour diverses raisons, n’ont jamais franchi la ligne.

Ce sont finalement deux producteurs hongro-libanais, totalement novices à Hollywood, qui auront le culot d’emprunter plusieurs millions de dollars et de parier sur un étalon italien pour porter ce roman à l’écran.

Suivre l’épopée de cette adaptation — passée entre les mains de nombreux scénaristes — est en soi un récit captivant. Entre suppressions, ajouts de scènes, doutes, trouvailles et recherches de concision, c’est tout un processus de transposition vers le cinéma qui se dessine. Et c’est en examinant ces choix que le film se révèle sous un jour nouveau.

Ce parcours est d’autant plus fascinant qu’il traverse toute une décennie : les années 70. Une époque hantée par la guerre du Vietnam, où l’Amérique et Hollywood cherchent à panser leurs plaies à travers des récits puissants, sombres, souvent ambigus. Explorer cette adaptation, c’est aussi plonger dans l’histoire du cinéma américain par le prisme de la représentation du conflit vietnamien.

Image description 1

Kotcheff, le réalisateur que l'Amérique ne voulait pas

Peu de personnes le savent mais, à l'instar de Rambo mis à l'écart de la ville, Ted Kotcheff fut interdit, au début de sa carrière, sur le sol américain. Une affaire qui a duré vingt ans ! Fort à parier que l'histoire du vétéran traqué à fait résonner une corde sensible chez lui.

D'ailleurs, on aurait tort d'imaginer que Rambo "First Blood" est un pur produit Stallone. Si la star a en effet la réputation de vouloir voler la chaise du réalisateur - à cet égard c'est clairement lui qui dirige Rambo II Rambo III et Cobra - ce film c'est bien celui de Ted Kotcheff.

"C'est le film de Ted, et je ferai tout ce qu'il me demande de faire." a déclaré Stallone à l'équipe de tournage sur le plateau.

Pour peu qu'on s'attarde à examiner le film,  il est évident que la mise en scène n'est pas à la sauce "Stallone" - même s'il a participé au scénario - mais bien à la "Kotcheff". Un style discret (s'alignant plus sur le cinéma de Lumet ou de Frankenheimer que celui démonstratif d'un Scorsese ou d'un Kubrick), au service de la dramaturgie, sans fioritures.

Mon livre se penchera sur la carrière fascinante de ce réalisateur injustement méconnu, auteur notamment de Réveil dans la terreur, un film qui a marqué le cinéma australien que Scorsese considère comme un chef-d'œuvre.

Image description 1